La semaine dernière Séverine, manager, me parlait de Cédric, un de ses collaborateurs.  Elle me résumait ce qu’elle pensait de lui avec cette formule : « il est pro, lui ! ». Au regard de la description dithyrambique que Séverine me faisait, cela ne souffrait d’aucun doute.

Et pourtant, « Pro ? C’est-à-dire ? » lui ai-je dit. “Que mets-tu vraiment derrière ce mot ? La qualité ? La rigueur ? La ponctualité ? La compétence ? Le fait de faire son boulot ? » Parce que, en effet, Cédric fait du bon boulot. Pourtant les dossiers ou les projets auxquels il participe ne sont pas totalement au RDV.

Bien sûr, nous pourrions nous dire : « Cédric, ce n’est pas le problème. Ce sont les autres le problème ! ». Ah oui, vraiment ? Et si, dans nos entreprises, « faire son job » n’était pas suffisant ?

🧩 Faire, c’est bien. Délivrer, c’est mieux !

Dans nos organisations, nous croisons tous des Cédric : des personnes compétentes, engagées, consciencieuses. Des pros, quoi. Mais malgré tout, les projets patinent, les tensions montent, les réunions tournent en rond, les frustrations s’accumulent. Pourquoi ? Parce que la « responsabilité dans la relation » est le chaînon manquant.

Prenons un exemple simple : Cédric fait son travail et le transmet à Mahault. Mais Mahault n’est pas satisfaite : les éléments techniques sont bien là, par contre le document n’est pas diffusable en l’état. Il est trop détaillé, trop complet. Que fait-elle alors ? Elle refait, elle adapte, elle contourne, elle râle. Résultat ? Du temps perdu, de la frustration, et une coopération qui s’effrite. Pourquoi ? Parce que Cédric a juste oublié qu’il était aussi responsable, dans sa relation avec Mahault, de « délivrer » ce dont Mahault a besoin et pas uniquement de « faire ». Délivrer, c’est se soucier de l’autre, comprendre ses besoins, vérifier que ce qu’on lui transmet lui est réellement utile. C’est se demander :

  • À quoi je sers pour l’autre ?
  • Est-ce que ce que je lui transmets est clair, utile, exploitable ?
  • Est-ce que j’ai vérifié que ça lui convient ?

Bref : délivrer c’est s’assurer que le client est satisfait du produit livré, en agissant auprès de lui avant de délivrer comme après.

👉 Alors oui, c’est vrai : délivrer est plus exigeant que juste faire. Tout en étant tellement plus efficace et satisfaisant !

🔄 Obtenir, c’est aussi être pro

OK pour délivrer. Pour autant, est-ce suffisant ? Que se passes-t-il dans l’autre sens ?

Lorsque Cédric dépend d’un collègue, d’un fournisseur, d’un partenaire… (que nous appellerons Elise) il peut logiquement se dire qu’Elise est « pro » : elle va donc forcément se préoccuper de « délivrer » et venir vers Cédric pour s’assurer de ses attentes. D’ailleurs, lors de la réunion de la semaine dernière, Cédric et Elise ont bien convenu de cela : tout est écrit dans le compte-rendu. Et puis au pire, Cédric compensera, fera à la place d’Elise. Probablement même il ne le dira pas à Elise : pas la peine de l’embêter avec cela.

Pourtant, le risque qu’Elise ne délivre pas est réel. Elle a ses propres priorités et ses propres aléas… qui peuvent l’amener à décaler ou différer ou dégrader le dossier de Cédric. Que peut faire Cédric ? C’est assez simple : agir pour obtenir ce dont il a besoin pour faire son travail. C’est par exemple : clarifier, relancer, ajuster, négocier, interpeller Elise quelques jours avant… Et si la demande de Cédric est explicite, voire illustrée par un exemple en amont, c’est encore plus simple !

Cédric peut même aller plus loin : être en appui d’Elise en caractérisant la raison qui l’empêche de délivrer. Car si Elise ne fait pas ce qu’ils avaient convenu qu’elle fasse, c’est qu’elle a une bonne raison ! Laquelle ? Je vous en propose 3 : soit Elise et Cédric n’ont pas les mêmes objectifs ; soit Elise ne dispose pas des moyens (temps, compétences, outils…) pour faire ; soit Elise et Cédric ne se sont pas compris. Dans ce cas, autant que Cédric prenne l’initiative d’une démarche vers Elise pour qu’ils s’en parlent pour voir comment Elise (voire Cédric) peuvent résoudre cette situation. Au bénéfice de quoi ? Du collectif bien sûr.

Pour Cédric, « obtenir » c’est clairement prendre sa part de responsabilité dans la relation. Attendre ce dont nous avons besoin, ce n’est pas être « pro ». Et pourtant, entre nous, ça ne vous arrive jamais ? Moi si !

🧠 Être pro, c’est intégrer pleinement sa triple responsabilité : faire,  délivrer et obtenir

En résumé : être professionnel, c’est être responsable à 100 % de ce que je fais, de ce que je délivre, et de ce que j’obtiens pour délivrer.  C’est ce que j’appelle la « responsabilité fonctionnelle » (qui est une des composantes du « standard de la qualité relationnelle » qu’Optim Ressources déploie 😊). Ce n’est pas une question de hiérarchie. C’est une question de posture. Et c’est ce qui fait la différence entre une équipe qui fonctionne… et une équipe qui performe.

🚀 Et maintenant ?

Allez, j’ose : dans notre quotidien posons-nous ces questions : mes équipes se contentent-t-elles de faire ? S’assurent-t-elles vraiment de « délivrer » ce qui est utile aux autres équipes ? Prennent-elles vraiment le temps de le faire ? Et agissent-elle pour réellement « obtenir » ce dont elles ont besoin ?

Parce qu’être pro c’est cela : faire, délivrer, obtenir. Et recommencer. Ensemble !

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[Article revu et enrichi par Bernard Debroise à partir d’un brouillon GPT4o et o3-mini alimentés par la base de connaissances Optim Ressources.]