Comme beaucoup de coach, je constate qu’une grande partie des personnes que j’accompagne en coaching individuel, vient sur la recommandation plus ou moins appuyée de sa hiérarchie. S’il est normal que le manager soit informé des objectifs du coaching de son collaborateur, son implication, trop forte, risque d’être préjudiciable à l’efficacité de l’accompagnement.

Coaching ou coach prescrits

Lors de l’entretien annuel, Thierry, manager et Marc, son collaborateur, lui-même manager de 7 personnes, reconnaissent des tensions relationnelles entre Marc et quelques membres de son équipe. Tous deux pensent qu’une des solutions serait un accompagnement individuel qui permettrait à Marc de comprendre comment, lui et les autres, génèrent ces dysfonctionnements. Thierry donne carte blanche à Marc pour trouver un coach, parmi une liste de coachs référencés par la DRH.

Dès lors que Marc aura contacté le premier coach, il aura commencé son développement professionnel car il devra expliquer à ses interlocuteurs, en quoi les relations avec une partie de l’équipe posent problème. C’est le premier acte de la démarche.

Si au contraire, Thierry prend les commandes, et propose à Marc de rencontrer un coach spécifique, dont la réputation n’est plus à faire, il va interférer dans le processus de responsabilisation du coaching. Le premier acte de l’accompagnement sera de considérer qu’il y a une personne suffisamment forte pour changer Marc en un meilleur manager. De fait, la première rencontre sera déséquilibrée, Marc pouvant se considérer comme l’incompétent rencontrant le sachant.

Le coaching est prescrit quand il n’est pas suffisamment discuté et validé par la personne accompagnée. Au mieux le coaché pourra y trouver de l’intérêt, au pire il le subira et le résultat n’en sera qu’inconsistant.

Le coaching prescrit est une demande de la hiérarchie et non du coaché. Le manager peut penser que là où il échoue à convaincre, à motiver un collaborateur, un coach y arriverait probablement mieux. Certes, le coach dispose d’approches et d’outils que le manager ne connaît pas forcément. Certes, le collaborateur a certainement à prendre conscience et à modifier certains comportements. Mais alors, pourquoi ne pas reconnaître qu’il n’y a pas un problème mais deux : celui du collaborateur et celui de son manager. Autrement dit, quand un manager prescrit un coaching il lui serait utile de se demander en quoi cette démarche pourrait lui être bénéfique.

Ce qu’est et n’est pas le coaching

Les approches et définitions du coaching sont diverses et varient selon les coachs. Celles qui suivent ne représentent que les miennes.

Le coaching est un processus qui permet à une personne accompagnée de choisir en autonomie ce qu’il convient de faire pour le bon fonctionnement de l’entreprise qui l’emploie. Ceci sous-entend que le coaché doit s’interroger sur les comportements et décisions qu’il prendra et qui faciliteront le bien-être de son entourage professionnel. La performance de l’entreprise ne se mesure qu’à la hauteur de la satisfaction au travail de ses salariés.

Le rôle du coach est d’amener le coaché à prendre conscience de ses comportements qui détériorent les relations. Puis le travail portera sur les options pour faire autrement, de manière à améliorer la qualité relationnelle et donc la performance professionnelle.

Le coach n’a pas la pouvoir de changer les gens qu’il accompagne. Tout comme les managers n’ont pas le pouvoir de changer leurs collaborateurs. Par contre, chacun peut décider de changer (ou pas) ses propres pensées et comportements, après un travail réflexif.

Le coaching est un processus contractuel

Dans une volonté de transparence et d’efficience, le coaching fait l’objet d’un contrat. Le coaché et son manager doivent savoir sur quoi l’accompagnement va porter et pour quels résultats. Ce sont des objectifs qui sont ensuite validés par le coach dans un contrat tripartite.

Le coach et son client ont alors les indicateurs pour mesurer le chemin parcouru.

Il est d’usage dans certaines entreprises d’organiser un entretien tripartite. Personnellement je ne suis pas demandeur mais n’y suis pas opposé si cet entretien arrive après validation du contrat. Je reste néanmoins vigilant aux risques d’être influencé par l’une ou l’autre partie, ce qui appauvrirait la suite du processus.

En conclusion, plus le choix du coaching et du coach résulte du coaché, meilleur en sera l’accompagnement.

Stan MADORE